Le constat
Une saison de chasse médiocre.
La saison 2024-25 fut particulièrement sinistre. En septembre peu de jeannots sont au rendez-vous
dans nos garennes préférées puis la saison avançant la population s'affaiblit encore, jusqu'à devenir
pléthorique. Le terrible virus VHD semblait instiller son venin de manière irrésistible. Nous savions
bien que nombre de territoires nationaux avaient déjà subi de terribles attaques mais nous nous croyions
épargnés sous l'ombre de la pinède. Force est de constater que la forêt n'aura pas suffi à nous protéger
de cette terrible épizootie.
L'espoir
Des territoires se sont repeuplés.
Le lapin de garenne (oryctolagus cuniculus) a déjà subi de nombreuses épizooties. Les vieux chasseurs se rappellent
tous des ravages occasionnés par la terrible myxomatose, puis petit à petit du retour des lapins sur leur territoire
pour atteindre un maximum dans les années 80-90. En fait oryctolagus est un animal très grégaire, ce qui le conduit
à proliférer en grande consanguinité le rendant ainsi très vulnérable aux épidémies.
Cette énorme faiblesse est aussi sa force car il est capable de recoloniser très rapidement un territoire qui lui
est propice. Pas toujours là où on l'attendrait naturellement, par exemple sur des terrains vagues, des aéroports,
dans des zones urbaines périphériques, etc.
Après les coupes meurtrières effectuées très tôt par le VHD (2000-10) des populations se sont reconstituées, en
Méditerranéenne, en Bretagne, dans les Deux-Sèvres et ailleurs.
La thérapie
Soutenir les populations existantes.
Il est encore temps d'agir. Dans de nombreux territoires l'épizootie s'est éteinte, quelques lapins survivent et tentent
de se reproduire. Malheureusement lorsqu'une population d'oryctolagus atteint un seuil minimum (seuil de viabilité)
elle n'est plus capable de recoloniser son territoire. Ce phénomène est essentiellement dû à la difficulté de trouver
un partenaire, à la consanguinité et à une prédation qui devient trop prégnante pour le nombre des survivants.
Pour obtenir des résultats assez rapidement il est donc nécessaire d'apporter une aide à ces populations déclinantes.
Les solutions sont connues et parfaitement rodées :
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Création de nouveaux terriers artificiels pour éviter la concurrence avec les terriers existants.
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Aménagement d'un territoire en mosaïque avec bordures, haies et bandes enherbées.
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Régulation des prédateurs.
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Contrôle de la pression de chasse, pour préserver les animaux reproducteurs.
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Soutient des populations par introduction de nouveaux individus vaccinés (Myxo. et VHD).
L'obstacle
Classé ESOD-Groupe 3 (sauf Unités 10&14).
Oryctolagus cuniculus est classé " nuisible " dans la majeure partie du département des Landes (excepté : le " Tursan "
et les " Pays de Seignanx, d'Orthe et des Gaves "). Cela signifie que sa réintroduction est passible de la loi,
condamnant de fait toute tentative de réintroduction et même de soutient des populations existantes sur notre territoire !
Le recours
S'unir pour faire entendre notre voix.
Nous chasseurs passionnés de lapins et tous nos sympathisants (parents, chasseurs aux chiens courants, veneurs, piégeurs, déterreurs,
cordons-bleus, marmitons, etc.) nous devons expliquer que la disparition de nos jeannots n'est pas une fatalité et que l'on peut tenter
de sauver cette chasse en respectant les biens de chacun : agriculteurs, sylviculteurs, riverains, etc.
Qui sommes-nous
Des amoureux trahis
Amoureux de nos courants, amoureux du cul blanc qui vient de sauter l'allée, amoureux du coup de fusil parti trop tard, amoureux
des récris de nos briscards furieux qui sentent la poudre à plein nez, amoureux du sauvage, amoureux de la nature qui parle vrai,
dans un monde artificialisé.
Amoureux transis qui attendent le retour de l'être tant désiré.
Réunions
Samedi 13 septembre 2025 à 10 heures - Salle-des-Associations 40120 ARUE
Nous organisons un premier rassemblement des bonnes volontés pour discuter de notre projet. Il y sera question :
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de l'opportunité de s'organiser,
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de la nécessité de créer une association,
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d'entreprendre des actions de groupe,
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et de tout choses que vous jugerez utiles.
Venez nombreux c'est le gage d'une réussite assurée !
Compte-rendu
Dès 9h45 la Salle-des-Associations est prête à recevoir les chasseurs concernés par le devenir d’oryctolagus. Le temps est dégagé, tout risque de pluie écarté, nous sommes sereins.
10h15 il semble bien que nous ne serons pas très nombreux, environ une dizaine, il est temps de commencer la réunion.
Vu le nombre des présents nous décidons de fonctionner en mode interruption, c’est-à-dire d’autoriser les interventions durant notre exposé.
Les grandes lignes de la présentation reprennent globalement les informations exposées dans ces pages et nous ne les reproduirons pas ici.
Tous les auditeurs sont des passionnés qui ont jugé opportun de consacrer une matinée à la cause du lapin de garenne et surtout à l’effondrement récent de ses populations sur nos territoires. Nous avons relevé les principales questions qu'ils ont soulevées et nous allons tenter de les reproduire fidèlement. Les noms des intervenants ont été dissimulés car nous préférons préserver leur anonymat (ils se reconnaîtrons facilement 😉). Quelque fois l’ordre des questions-réponses n’a pas été respecté pour ajouter de la clarté à l’exposé.
Question S* : « Pensez-vous qu’il soit opportun d’importer des souches de lapins étrangères et que le mélange avec les populations autochtones ne va créer des difficultés d’intégration, comme on en observe chaque jour dans notre société ? »
Réponse AmiCAL : « Lorsque la densité de population d’une garenne devient inférieure à un certain niveau (dénommé seuil de viabilité) il lui est très difficile de se reconstituer et souvent elle disparaît complètement. C’est justement sur ce type de population que nous souhaitons intervenir, avant sa disparition complète et nous n’avons pas d’autre choix que d’introduire des lapins étrangers ! »
« Il est connu que les lapins sont extrêmement territoriaux et que les mâles dominants (mâles alphas) font une guerre sans pitié aux nouveaux prétendants. Ce comportement provoque de fait une grande consanguinité sur une garenne. Consanguinité qui va fragiliser les individus génétiquement très semblables. Dès qu’un virus aura atteint un seuil de nuisance suffisant pour détruire un seul individu, il deviendra mortel pour la colonie ! Dans ce cadre la « retrempe » d’une population de garenne nous semble plutôt très favorable à son développement.
Question L* : « Les jeunes chasseurs vivent souvent en appartement et ils ne souhaitent pas, ne désirent pas, détenir un chien. Un chien d’arrêt c’est encore envisageable mais une meute de courants ! »
Réponse AmiCAL : « La chasse au lapin de garenne ne nécessite pas d’utiliser une meute de chiens courants ! Nos aïeux chassaient souvent les jeannots avec un seul chien, quelques fois même avec un chien de maison ! Cela ne les empêchait pas de réaliser des tableaux de chasse à faire pâmer un jeune Nemrod (rires). Nous avons connu des teckels à poil dur qui faisait merveille sur la gent lapine. Si notre apprenti souhaite un chien « silencieux », il peut également opter pour un cocker spaniel ; ce sont des chiens quêteurs qui font d’excellents lapiniers ! Comme vous le dites avec raison, la possession d’un chien en appartement est un obstacle à la pratique de notre loisir mais pas plus que pour toute autre chasse au petit gibier. »
Question D* : « Quels sont les moyens à notre disposition pour protéger une garenne contre le VHD ? »
Réponse AmiCAL : « Ils sont malheureusement peu nombreux. Les éleveurs de lapins domestiques utilisent avec succès le vaccin anti-VHD mais il est peu actif au-delà de 6 mois. Cela représente un lourd handicap pour les populations sauvages qui doivent passer l’hiver pour se reproduire à nouveau au printemps. Il faut donc imaginer des reprises à certaines périodes de l’année pour sauvegarder les reproducteurs. On peut penser que la protection des femelles reproductrices serait suffisante tout en conservant un risque élevé pour les lapereaux ! La présence de vétérinaires chasseurs serait bienvenue dans notre association. »
Question AmiCAL : « Monsieur P*, vous qui effectuez de nombreux déplacements, avec votre meute, bien au-delà du département des Landes, comment percevez-vous l’évolution des populations de lapins ? »
Réponse P* : « Effectivement mon équipage rayonne dans tout le Sud-Ouest et au-delà, nous sommes même quelques fois invités à chasser dans la Nièvre ! Je ne saurais dire s’il y a véritablement évolution des populations. Il reste des territoires où les garennes restent très nombreux, ils varient assez peu d’une année sur l’autre mais effectivement je constate une nette baisse de la population dans vos communes ! J’ai déjà participé à des réintroductions de lapins de garenne et je pense que la partie la plus difficile reste l’obtention de l’accord du propriétaire chez lequel s’effectue le lâché mais plus encore la signature du renoncement à tout recourt, contre les acteurs de la réintroduction, dans le cas de dégâts occasionnés par les nouveaux arrivants, ou par leur descendance, sur ses biens ! »
Réponse AmiCAL : « Il semble en effet qu’il y ait toujours une peur viscérale du lapin de garenne. Cette peur semble liée aux dégâts infligés par les lapins en Australie, puis aux énormes populations de lapin d’après-guerre qui furent réduites à néant par le geste malheureux du Dr Delille en 1952. Nous sommes au XXIème siècle, les virus de la myxomatose et du VHD sont bien présents et le risque d’une explosion démographique nous semble bien dérisoire ! »
Débat P* - M* : un débat passionné s’engage entre deux participants : pour ou contre l’appareillage électronique des courants. P* préférant l’école de la vènerie, où les chiens doivent être bien sous le fouet. M* faisant remarquer que la géolocalisation des chiens permet d’éviter des accidents graves, notamment au passage des routes à grande circulation. En fait les deux protagonistes sont tellement amoureux de leurs courants qu’ils les défendent ardemment. L’un par un contrôle direct, l’autre par un contrôle à distance ! Le débat s’éclaire lorsqu’on comprend que le premier découple exclusivement sur lapin et le second sur le grand gibier !
Affirmation L* : « Les chasseurs de battue ne connaissent pas le travail des chiens courants ! »
Réponse AmiCAL : « Justement nous pensons que pour comprendre les courants, il faut avoir chassé au cul des chiens. Si le courre du lièvre est considérée comme l’école de la vènerie, la chasse au lapin en est sûrement la classe maternelle ! Il est bon pour un jeune chasseur d’avoir vu travailler les courants sur une garenne car il s’agit d’un animal avec un voie très faible qui ruse en permanence. Sur un poste de battue, le Nemrod ayant fait ses armes au cul des chiens, percevra beaucoup plus finement l’évolution d’une traque ! »
Question S* : « Vous nous avez parlé d’aménagement de territoires, comment allez-vous financer vos activités ? »
Réponse AmiCAL : « L’aménagement d’une garenne artificielle demande un investissement très modique : quelques palettes de camions, une couverture imperméable et un grillage de protection d’environ 5x5 m2, tous matériaux que l’on peut trouver d’occasion ! On peut imaginer un auto-financement (auto-récupération) pour chaque équipe agissant de concert. Le plus cher restant l’achat de vaccins pour se garantir des épizooties. Si l’on excepte les cotisations des adhérents que nous souhaitons faibles, en tant qu’association constituée nous espérons obtenir quelques aides financières, voici quelques pistes :
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De la part des ACCA qui consacrent une part importante de leur budget à la réintroduction du petit gibier.
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Du côté de la Fédération des Chasseurs comme membre tutélaire qui consacre une part de son budget à la sauvegarde de la faune naturelle.
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De l’ONB qui perçoit une écocontribution de 5€ sur chaque permis de chasser, abondée de 10€ par l’état, pour le soutient de la biodiversité. Nous tenterons de leur rappeler qu’oryctolagus est part entière de notre espace rural et qu’il constitue un maillon précieux dans l’écologie de nos territoires.
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Enfin dans le cadre européen, Wildlife Estates est un label qui accompagne les propriétaires terriens qui favorisent la biodiversité avec une gestion durable des ressources naturelles. Ce label permet une défiscalisation des territoires concernés. Cette défiscalisation pourrait s’avérer compensatoire des dégâts occasionnés par nos protégés.
Évidemment aucun de ces financements n’est garanti mais une association constituée peut au moins en effectuer les demandes ! »
Nous concluons cette assemblée extrêmement productive en remerciant chaleureusement tous les présents et en leur donnant rendez-vous pour une inscription en tant que membre actif sur ce site ou à la suite de ce compte rendu.